9,2% de chômeurs : le plein emploi à la française !

A en croire les politiques, l'embellie est là. La France tend inexorablement vers le plein emploi. D'ailleurs, ne suffit-il plus de traverser la rue pour trouver un job ? C'est même notre président qui le dit. Alors...

Question de curseur sans doute. Les Etats-Unis et l'Allemagne ont franchi cette année la barre des 4% (3,9 et 3,5 respectivement en août) et le Royaume-Uni s'en approche. Serions-nous de mauvais élèves ou bien nous satisferions-nous d'un recul d'à peine 1 point pour crier cocorico ?

Je n'ai évidemment pas de réponse à cette question, mais le ressenti chez les chômeurs est pour le moins nettement plus pessimiste. L'inquiétude est toujours là, la peur de ne pas se repositionner rapidement aussi et la menace de dégressivité des allocations chômage ne fait qu'amplifier le phénomène.

Oui, les chômeurs français sont globalement plus gâtés que les autres, en matière d'indemnisation, de durée et de mesures d'accompagnement, mais ce n'est jamais simple de demander à quelqu'un de renoncer à des avantages acquis.

Les efforts à consentir pour que la situation devienne meilleure ne sont pas exclusifs d'une communauté, celle des pouvoirs publics ou celle des salariés. La volonté des politiques d'accélérer le retour à l'emploi est réelle, même si les mesures envisagées peuvent sembler essentiellement "cosmétiques".

 

Il s'agit aussi d'intervenir en amont sur les formations.

Des métiers sont amenés à disparaître, d'autres à émerger et il existe encore trop de disparités entre l'offre et la demande. Plus de 500.000 offres d'emploi ne seraient pas satisfaites en 2018. Les chômeurs cherchent souvent à rester dans leur filière métier et lorsqu'ils demandent à être formés, ils ne pensent pas nécessairement à acquérir des compétences utiles à leur employabilité. Le cas le plus classique concerne la formation aux langues étrangères : le plus souvent le salarié n'a ni l'expérience ni l'intention d'utiliser cette langue professionnellement.

 

Comment faire ?

Les professionnels de l'accompagnement peuvent jouer un rôle dans l'orientation des chômeurs vers les métiers et les compétences requises pour assurer une meilleure employabilité. En les aidant à identifier les secteurs, les métiers et les formations adaptées à leur profil et en les poussant à davantage d'agilité. Créer des passerelles entre des expériences et des compétences acquises et des besoins supposés.

Les entreprises sont friandes de ces profils qui cherchent à s'adapter à un nouvel environnement. Dans les pays anglo-saxons et scandinaves, les exemples de ce type de reconversion sont légion. Cela nécessite évidemment d'accepter de sortir de sa zone de confort. Idéalement par choix, plutôt que par la contrainte d'un calendrier imposé par les dispositifs législatifs.

Raccourcir la durée d'indemnisation ou envisager des allocations dégressives n'ont de sens que si elles sont accompagnées de mesures incitatives.

En attendant, les chômeurs (disons la majeure partie) continuent de vivre difficilement ces périodes de transition et constatent au quotidien que le plein emploi n'est pas pour demain. Même en traversant la rue dans les clous. Peut-être en dehors ?

 

Marc Saunder

Fondateur de Nexmove