Comment (vraiment) favoriser le maintien dans l’emploi des seniors ? – La Tribune Verte
Le débat actuel sur l'allongement de l’âge de départ à la retraite est l’occasion d’évoquer le sujet encore tabou de l’employabilité des seniors. Les plus de 50 ans constituent pourtant des leviers précieux pour la cohésion sociale et la transmission des savoirs.
Marie-Liesse Morgaut, directrice générale de Nexmove, prend la parole sur la thématique de l'emploi des seniors dans le magazine Tribune Verte.
Que l'on soit pour ou contre la réforme des retraites, celle-ci aura pour mérite de relancer le débat sur le maintien dans l'emploi des seniors. La France est l'un des pays occidentalisés où le taux d'emploi des 60-64 ans est le plus bas. Bien qu'en augmentation depuis quinze ans, il se situait, en 2021, à seulement 35,5% selon les statistiques de la Dares (ministère du travail) contre 81,8% des 25-49 ans et 75,1% pour la population des 55-59 ans.
Directrice générale de Nexmove, cabinet de conseil en stratégie de carrière du groupe Human & Work, Marie-Liesse Morgaut se réjouit que l'enjeu de l'employabilité des seniors soit actuellement aussi central :
« Ce sujet est souvent mis sous le tapis, voire tabou. Quel que soit son âge, chacun mérite d’avoir sa place en entreprise. De son côté, l’entreprise doit être à l’image de la société, dans toute sa diversité. »
Un gage aussi, selon elle, de performances.
Quels sont les atouts des seniors ?
Marie-Liesse Morgaut : Leurs atouts sont nombreux. Les seniors se concentrent moins sur les enjeux de carrière ou de rémunération. Ils veulent avant tout se sentir utiles. Ils développent, par ailleurs, un fort sentiment d'appartenance, leur engagement et leur loyauté sont rapidement pris à défaut. Avec des enfants généralement grands; les seniors ont davantage de disponibilité.
À tort, leur rôle est souvent circonscrit au mentoring et au transfert de compétences, alors que les seniors peuvent apporter une valeur ajoutée différenciante qui va bien au-delà. On le voit avec le succès du management de transition, leur niveau d'expertise et d'expérience les rend directement productifs et opérationnels.
En plus d'un savoir-faire intellectuel ou manuel, ils ont développé un savoir-être et notamment des qualités de communication et d’empathie. Leur intelligence émotionnelle et situationnelle leur donne une prise de recul salutaire dans le contexte actuel particulièrement mouvementé. Les seniors ont vécu bien d’autres crises !
Comment alors expliquer leur faible employabilité ?
Marie-Liesse Morgaut : Dans la guerre actuelle des talents, les employeurs concentrent leur recrutement sur les jeunes générations alors que celles-ci prennent leurs distances avec le monde de l'entreprise. D'après les études, les seniors bénéficient aussi moins des formations. Il n'y a pourtant pas d'obsolescence programmée et la formation est un levier essentiel d'engagement. Il s'agit aussi de favoriser le partage des connaissances entre générations avec notamment le reverse mentoring.
Certains seniors vont inconsciemment s'auto-placardiser. Ils ont impression qu'ils n’ont plus leur place. Cette posture défensive contribue à nourrir les stéréotypes à leur encontre. Ils se font discrets alors qu'ils ont énormément de choses à apporter.
La généralisation du télétravail introduite avec la crise sanitaire présente un gain contrasté. S’ils gagnent en énergie avec la suppression des temps de transport, les seniors accordent beaucoup d’importance au lien social. Ils ne vont pas en entreprise pour s'enfermer dans leur bureau.
Retrouvez l'intégralité de l'article dans le n°3007 du magazine Tribune Verte disponible en kiosque.