Le courage, une attitude de leader

Le courage, une attitude de leader

"L’incertitude, inévitable en soi, qui appelle à un fort besoin de sécurité, fait désormais plus présentement partie du quotidien des dirigeants, des salariés et de « monsieur et de madame tout le monde » ; tant est si bien qu’il peut être angoissant de prendre des décisions, d’envisager sereinement l’avenir. Forte est à la tentation de céder au découragement et au replis."

Courage ou inconscience ?

Vous avez certainement entendu parler de David, le petit berger du peuple d’Israël, qui vaincu Goliath, le soldat « géant », le champion de l’armée Philistine déterminant ainsi le cours de l’histoire du royaume d’Israël.

 

Vous avez aussi sans doute entendu parler de la Bataille des Thermopyles, illustrée dans le film 300, qui opposa en l'an - 480 le roi Léonidas et 300 soldats spartiates à Xerxès et l'immense armée perse. Face à un invincible ennemi, les 300 déployèrent jusqu'à leur dernier souffle un courage surhumain ; leur vaillance et leur héroïque sacrifice inspirèrent toute la Grèce à se dresser contre la Perse, posant ainsi les premières pierres de la démocratie.

Qui d’entre vous, si vous avez déjà participé à un projet d’entreprise ou eu l’ambition d’atteindre des objectifs individuels et/ou collectif, avez été confronté au fait que rien ne se passe jamais comme prévu ? Vous avez certainement rencontré des « Goliaths ou des Xercès » réels ou imaginaires se dresser sur votre chemin ? Comment avez-vous réagi ? Combien de « Goliaths et de Xercès » rencontrons-nous actuellement là où les évènements rebattent les cartes à tous les niveaux de la société et dans l’économie, ce sur le plan mondial.
L’incertitude, inévitable en soi, qui appelle à un fort besoin de sécurité, fait désormais plus présentement partie du quotidien des dirigeants, des salariés et de « monsieur et de madame tout le monde » ; tant est si bien qu’il peut être angoissant de prendre des décisions, d’envisager sereinement l’avenir. Forte est à la tentation de céder au découragement et au replis.
Dans ce contexte, au cœur de nos vécus professionnels, un cortège émotionnel de peurs peuvent se succéder et nous harceler comme la peur de commettre des erreurs ? Peur de ne pas y arriver ? Peur de manquer ? Peur du regard des autres ? Peur d’être rejeté pour ses idées ? Peur d’être licencié ? Peur d’être soi ? Peur d’avoir peur ?... Et la liste est encore longue…jusqu’à la peur de mourir.

Face à ces peurs, nous répondons souvent avec trois types d’attitudes « réflexe » :

1.     La paralysie qui fait repousser au lendemain les décisions qui devraient être prises. L’inaction, attendre que le temps (ou que les autres) arrangent les choses. Dans ce cas, nous perdons nos forces vitales ainsi que notre créativité et pendant ce temps, la concurrence avance, les choses bougent et nous subissons les événements dans une forme d’impuissance et de soumission.

2.     L’agressivité peut nous conduire face à la peur, dans un combat « CONTRE » l’objet de celle-ci. L’énergie ici est celle de la survie et non pas ordonnée à lutter « POUR » ce que l’on souhaite vraiment. Il y a de grandes chances de ne pas mettre l’énergie au bon endroit. L’épuisement est ici aux aguets du dirigeant et de ses équipes.

3.     La fuite cette autre attitude qui permet en premier lieu de se protéger mais qui si elle persiste, ne solutionne pas le problème. Nous perdons ici l’occasion de grandir, de mûrir, de tirer des enseignements de la difficulté rencontrée. Le problème n’est que reporté sans être solutionné.

« L’Attitude Appropriée » Avez-vous déjà nagé à contrecourant ? Oui cela demande de l’effort 

Une attitude beaucoup plus féconde est de gérer en mode « adulte » l’objet de la peur. Faire face humblement en demandant de l’aide par exemple. C’est à cette condition que se mobilisent nos ressources (internes et externes) parfois insoupçonnées ainsi que la créativité nécessaire pour trouver une solution acceptable… Le champ des options s’ouvre alors pour poser nos décisions d’action à venir. Cette attitude révèle alors l’expression d’une véritable force de caractère appelé aussi « le courage ».

Alors, qu’est-ce que le courage ?

Du grec « andreia » le courage est ce que l’on appelle une vertu cardinale (avec la sagesse, la prudence et la justice).

C’est une qualité, une disposition intérieure manifestée par l’attitude qu’une personne ou une équipe (entreprise) adopte face à un danger. Ce peut être aussi un acte inné qui se déclenche comme par un réflexe (ou instinct) de survie face à une menace imminente.

Ce qui caractérise le courage, c’est la capacité qu’une personne ou qu’un groupe met en œuvre pour libérer et mobiliser ses ressourcesmalgré la crainte ou la peur, pour agir et persévérer face aux contrariétés et contraintes rencontrées dans le temps.

L’expression du courage est essentielle pour un dirigeant car il libère une énergie puissante qui favorise un passage à l’action, un mouvement de cohérence entre le désir et l’agir, entre l’idée et la réalité de l’action posée. Il permet d’embarquer les équipes qui elles mêmes se saisiront de cette force transmise par le dirigeant.

Le courage, un trésor qui permet un passage à l’acte 

Il vient manifester un besoin d’avancer dans le sens de ses convictions et de ses valeurs. Il peut être aussi guidé par ses croyances ou bien par un besoin de réaliser une vision, voire une quête profonde.

« Agir, résister, être soi » !

1.     Par exemple, prenons le courage d’oser dire ce que l’on pense, notre vision comme une contradiction avec la pensée majoritaire au sein d’un codir par exemple. Dans d’autres domaines, combien de personnes anonymes se sont levées et se sont positionnées à contrecourant de pratiques malsaines en vue du bien commun ? N’a t-on pas entendu et vu dernièrement des personnalités du monde médical s’élever pour proposer d’autres alternatives ? Des lanceurs d’alertes prenant un grand risque pour leur vie, des philosophes recadrer des pensées ambiantes fausses et nocives à leurs yeux, des victimes d’agression dénoncer leurs agresseurs, etc. ?

2.     Ce peut être aussi le fait d’oser poser un acte dicté par sa conscience, comme des actes de résistance non violente comme Gandhi ou des actes de guerre pour défendre une cause ou un pays comme le Général de Gaule, nos résistants de la seconde guerre mondiale ou Winston Churchill qui disait que « le courage est la première des qualités humaines et garanti toutes les autres ».

3.     Ou bien encore oser être soi dans l’entreprise en vivant en cohérence avec ses valeurs et ses intuitions. Prenons l’exemple de tant de DRH et de dirigeants qui doivent prendre des décisions managériales difficiles comme sanctionner ou licencier leurs collègues et collaborateurs, tout en conservant une dimension humaine dans ces moments si délicats.

L’on voit bien ici que « se saisir » de son courage est une disposition virile, voire martiale. Car oui, il se joue un combat intérieur contre ses propres « démons », ses craintes, ses peurs, ses doutes, les risques encourus…

Lorsque des décisions à fort impact sont à prendre par le dirigeant (dans son entreprise ou en transition professionnelle), il n’empêche qu’il doive, dans sa solitude, apprendre à accueillir ses peurs, les comprendre et les gérer afin ne pas se laisser dominer par celles-ci.

Car c’est à l’issue de ce combat intérieur assorti d’une vision claire de sa quête, que le dirigeant pourra poser des actes forts et risqués, ce malgré l’incertitude du résultat.

A l’image de nombreux dirigeants qui ont osé se positionner et prendre des risques réels, nous pouvons mesurer que le courage se transforme en véritable levier de performance individuel et collectif. Il est essentiel que ce levier puisse être utilisé et développé dans nos entreprises pour envisager le monde de demain. Le courage est vertueux et contagieux. Il suscite l’admiration et la confiance de ceux qui en sont témoin.

C’est pourquoi avec ce levier, vous pourrez relever vos grands défis comme celui de vous engager à vous réinventer en surfant sur la vague des changements, ou encore celui de concilier votre désir de stabilité avec les besoins d’innovation et de nouveauté, et pourquoi pas, celui de transformer votre style de gouvernance et de management en vue d’une adhésion de toutes vos parties prenantes.

Un élément de solution ?

Réveiller en nous l’audace d’oser explorer les conditions et les moyens à mettre en œuvre pour libérer ce trésor caché au sein de nos entreprises. Alors laissons nous inspirer…

« Si on veut obtenir quelque chose que l’on n’a jamais eu, il faut tenter quelque chose que l’on n’a jamais fait » Périclès

 

Luc Delage