Réforme des retraites : Plaidoyer pour réinventer la courbe des âges en entreprise
Le report de l'âge de la retraite a entraîné des conséquences individuelles fortes. Travailler plus longtemps pour répondre à une exigence démographique, on peut en comprendre la nécessité. Encore faut-il que le marché du travail le permette et que les entreprises jouent le jeu.
Là où certains se sentaient tout près de la ligne d'arrivée, la nouvelle règle les remet dans la course pour quelques trimestres supplémentaires. La réforme des retraites a également laissé des traces au sein de la société française, par les vifs débats qu'elle a occasionnés et la façon dont la loi a été passée. La place du travail au sein de nos vies et de notre société a été questionnée. Le rôle et la responsabilité de l'entreprise pour faire du travail une source d'épanouissement et non de souffrance ont été soulignés. Mais parmi les enjeux de cette réforme, c'est celui de l'employabilité des seniors qui a fait couler le plus d'encre.
Sur un benchmark international, la France est réputée pour être le pays des carrières courtes : on démarre plus tard et on termine plus tôt.
Cette concentration de la vie active a eu tendance à générer une uniformisation des profils au travail qui ne reflète pas la démographie du pays, voire à créer des stéréotypes forts à l'égard des seniors, qui ne correspondent pas au candidat idéal attendu par les entreprises. Aujourd'hui, les entreprises ont compris qu'elles étaient en première ligne pour répondre aux enjeux de l'allongement de la durée de la vie professionnelle.
Qui sont les gagnants et les perdants de la réforme des retraites ?
Cette réforme était appelée comme un impératif économique pour faire face au déficit des retraites et au vieillissement de la population. Cependant, dans sa volonté de passer en force, le gouvernement a provoqué un divorce entre une mesure, certes nécessaire, et une grande partie des Français.
Les perdants, ce sont indubitablement les Français qui ont une relation avec leur travail difficile. Ceux pour qui travailler, pour diverses raisons, ne peut être source d'épanouissement. Ceux qui exercent un métier physique, pénible, peu valorisé socialement et financièrement. Ceux qui arrivent en fin de carrière dans un état d'épuisement intense et qui se demandent s'il leur restera de l'énergie pour profiter de leur retraite. A proximité de la ligne d'arrivée, il faut rempiler.
De l'autre côté, l'entreprise est-elle gagnante ou perdante ?
Sans être perdante, l'entreprise a été placée devant sa responsabilité pour assurer le maintien en emploi des seniors. Pour responsabiliser les dirigeants sur ce sujet, un projet d'index senior, sur le même principe que l'index d'égalité professionnelle entre hommes et femmes, a ainsi été envisagé. Bien que non retenu dans le cadre de la loi qui s'applique depuis le 1er septembre 2023, l'index senior reste un dispositif incitatif qui pourrait être mis en place dans les prochaines années.
Qui seront les entreprises gagnantes ?
Celles qui auront réussi à s'adapter et repenser leur organisation pour intégrer une plus grande pyramide des âges de leurs employés. Ces dernières seront d'autant plus gagnantes que les entreprises font aujourd'hui face à une guerre des talents et à un enjeu clé d'attractivité.